La thromboembolie veineuse

La TEV est une 

grave maladie cardiovasculaire 

qui peut toucher les adultes de tout âge et de toute ethnicité

La TEV 

constitue le trouble cardiovasculaire le plus courant 

après le syndrome coronarien aigu

EP représente la

troisième cause principale 

de décès d’origine cardiovasculaire, dans l’ensemble de la population, et de mort subite chez les patients hospitalisés

Au Canada, le coût total estimatif de la TEV et de ses complications s’élève à au moins 

600 M$

par année

La moitié

des cas de TEV symptomatique NE sont PAS causés par des facteurs de risque connus

Les anticoagulants constituent le principal traitement de la TEV, et représentent la principale classe de médicaments liés aux événements indésirables connexes

Vous pouvez lire plus sur la thromboembolie veineuse au site web de Thrombose Canada. Veuillez noter que les ressources ne sont pas tous bilingues et plusieurs sont en anglais seulement. 

 

La thromboembolie veineuse (la TEV) comprend deux affections : la thrombose veineuse profonde (TVP) et l’embolie pulmonaire (EP). Une TVP est un caillot sanguin situé dans les veines de la jambe, et une EP est un caillot sanguin qui se déplace vers les vaisseaux sanguins du cœur et des poumons. La TEV, qui est une grave maladie cardiovasculaire touchant des adultes de tous les âges et de toutes les ethnicités, a reçu beaucoup moins d’attention que l’infarctus du myocarde et l’accident vasculaire cérébral. Diagnostiquée chez une ou deux personnes sur 1000 par année1,2, la TEV constitue l’affection cardiovasculaire la plus courante après le syndrome coronarien aigu3. L’EP, soit la forme la plus grave de la TEV, est la troisième cause principale de décès d’origine cardiovasculaire, dans l’ensemble de la population, et de mort subite chez les patients hospitalisés4. Dix pour cent des patients atteints d’une EP aiguë décèdent subitement, avant d’être diagnostiqués5, ce qui montre l’importance de prévenir la TEV. Celle-ci impose un fardeau à vie à de nombreux patients en raison de conséquences résiduelles chroniques fréquentes, notamment des épisodes récurrents de TEV (le taux de récurrence moyen sans prise d’anticoagulants étant de 5 à 10 % par année)6, le syndrome post-thrombotique (SPT) (qui se manifeste chez 20 à 40 % des patients atteints de TVP) et l’hypertension pulmonaire thromboembolique chronique (qui se présente chez 3 ou 4 % des patients atteints d’EP)7

Alors que le risque de TEV augmente de façon draconienne avec l’âge, la démographie du vieillissement de la population présage une incidence à la hausse de la TEV. Le fardeau de la TEV sur les soins de santé est déjà très lourd : il en coûte plus de 10 000 $ pour traiter un seul cas de TEV aiguë, et le coût total estimatif de la TEV et de ses complications au Canada s’élève à au moins 600 M$ par année8,9. Les coûts directs importants comme la perte de productivité qui touche les patients, leurs familles respectives et la société sont également considérables10,11.

Vingt pour cent des cas de TEV symptomatiques sont « provoqués », ce qui signifie que leur cause peut être liée à un facteur de risque connu comme un membre fracturé ou un plâtre, l’hospitalisation avec alitement pendant trois jours, ou une anesthésie générale, chaque événement étant survenu au cours des trois mois précédents. Trente pour cent des cas de TEV symptomatiques sont associés au cancer12, ce qui souligne l’importance de s’efforcer de prévenir la TEV dans des situations à risque élevé et de renseigner les patients sur la nécessité d’obtenir un diagnostic précoce. L’autre moitié des patients sont atteints d’une TEV « non provoquée », ce qui signifie que sa cause n’est pas liée à un facteur de risque connu. Les patients chez qui on soupçonne la présence d’une TEV se présentent dans divers services, notamment des cabinets de médecins de soins primaires, des salles d’urgence, des services médicaux aux hospitalisés, des salles d’opération et des services de soins intensifs. En attendant qu’un diagnostic par imagerie confirme la présence d’une TEV, les lignes directrices établies recommandent fortement que les patients chez qui on soupçonne une TEV amorcent une anticoagulothérapie, car le taux de mortalité dans les cas d’EP non traités peut atteindre 1 % en 24 heures13. Par conséquent, tous les fournisseurs de soins de santé requièrent des connaissances de base sur la prévention de la TEV, le diagnostic de cette affection et les principes de traitement connexes.

Les anticoagulants constituent la principale forme de traitement de la TEV; ils sont très efficaces pour prévenir sa propagation et sa récurrence, alors que le taux de réduction relative du risque dépasse 80 %. Les anticoagulants constituent également la principale classe de médicaments liés à des événements indésirables en lien avec un médicament (p. ex. hémorragie mettant la vie en danger)14 et imposent un fardeau aux patients, notamment la nécessité d’injections, de surveillance fréquente en laboratoire et de modification du mode de vie ou du régime alimentaire. Il convient de personnaliser le traitement de la TEV afin d’obtenir un équilibre optimal de son efficacité et de son innocuité. La personnalisation du traitement en augmente la complexité, ce qui pose des défis en matière d’application des connaissances qui peuvent être relevés si l’on élabore et l’on valide des règles en lien avec la prise de décisions cliniques, afin de guider les cliniciens et les patients. Ces dernières années, un certain nombre de nouveaux anticoagulants oraux ont été approuvés pour la prévention et le traitement de la TEV, tandis que d’autres sont en voie de développement ou de mise à l’essai15. L’efficacité à long terme, l’innocuité, le rapport coût-efficacité et l’efficacité relative de ces médicaments sont inconnus, et de nombreux médecins ont une expérience limitée à l’égard de leur utilisation, que ce soit en milieu hospitalier ou communautaire. De plus, seuls des patients sélectionnés étaient inclus dans les essais qui ont mené à l’homologation de ces médicaments, ce qui laisse des lacunes importantes que la communauté de chercheurs doit élucider en ce qui concerne le rôle de ces nouveaux médicaments chez de nombreux sous-groupes importants (patients obèses, patients atteints d’une dysfonction rénale, femmes enceintes ou en période d’allaitement et patients atteints d’un cancer).

Parmi d’autres lacunes importantes, mentionnons le manque de compréhension des facteurs de causalité de la première incidence et de la récurrence de la TEV, l’utilisation irrégulière de mesures éprouvées de prévention de la TEV, l’expertise communautaire limitée en matière de diagnostic et de prise en charge de la TEV et de ses complications, et les connaissances limitées du grand public en ce qui a trait à la TEV.

Compte tenu de tout ce qui précède, il apparaît clairement que la TEV constitue une cause importante de décès, de maladie à court terme et d’invalidité à long terme ainsi qu’un fardeau économique pour la population canadienne, et qu’il faut approfondir la recherche clinique, depuis les études préliminaires jusqu’à l’application des connaissances, afin de combler les lacunes en matière de connaissances importantes et d’améliorer les résultats obtenus auprès des patients. Alors que l’incidence de la TEV est à la hausse et que, pour la première fois en 60 ans, de nombreux nouveaux médicaments oraux peuvent remplacer la warfarine pour traiter la TEV, le temps est venu de prendre des mesures pour s’attaquer à ce problème de santé publique important d’une manière ciblée, très bien organisée et axée sur le patient. Voilà pourquoi nous avons créé le Réseaucanadien de recherche clinique sur la thromboembolie veineuse (CanVECTOR).

  1. Tagalakis V, Patenaude V, Kahn SR, Suissa S. Incidence of and Mortality from Venous Thromboembolism in a Real-World Population: The Q-VTE Study Cohort. The American Journal of Medicine 2013;126:832.e13-21.

  2. Anderson FA, Wheeler B, Goldberg RJ, et al. A population-based perspective of the hospital incidence and case-fatality rates of deep vein thrombosis and pulmonary embolism. Annals of Internal Medicine 1991;151:933-8.

  3. http://www.heartandstroke.com/site/c.ikIQLcMWJtE/b.3483991/k.34A8/Statistics.htm#stroke. (Accessed at http://www.heartandstroke.com/site/c.ikIQLcMWJtE/b.3483991/k.34A8/Statistics.htm#stroke.)

  4. Venous thromboembolism in adult hospitalizations - United States, 2007-2009. MMWR Morb Mortal Wkly Rep 2012;61:401-4.

  5. Stein PD, Beemath A, Olson RE. Trends in the incidence of pulmonary embolism and deep venous thrombosis in hospitalized patients. Am J Cardiol 2005;95:1525-6.

  6. Baglin T, Luddington R, Brown K, Baglin C. Incidence of recurrent venous thromboembolism in relation to clinical and thrombophilic risk factors: prospective cohort study. Lancet 2003;362:523-6.

  7. Pengo V, Kahn S. Chapter 85.  Sequelae of venous thromboembolic disease: Postthrombotic syndrome and chronic thromboembolic pulmonary hypertension. In: Hemostasis and Thrombosis: Basic Principles and Clinical Practice, 6th edition, pgs 1009-1018 Lippincott Williams & Wilkins, November 26, 2012.

  8. Lefebvre P, Laliberté F, Nutescu EA, et al. All-cause and disease-related health care costs associated with recurrent venous thromboembolism. Thrombosis and Haemostasis 2013;110:1288–97.

  9. Ruppert A, Steinle T, Lees M. Economic burden of venous thromboembolism: a systematic review. J Med Econ 2011;14:65-74.

  10. Guanella R, Ducruet T, Johri M, et al. Economic burden and cost determinants of deep vein thrombosis during 2 years following diagnosis: a prospective evaluation. J Thromb Haemost 2011;9:2397-405.

  11. Spyropoulos A. Direct medical costs of venous thromboembolism and subsequent hospital readmission rates: an administrative claims analysis from 30 managed care organizations. J ManagCare Pharm 2007;13:475-86.

  12. White RH. The epidemiology of venous thromboembolism. Circulation 2003;107:I4-I8.

  13. Barritt DW, Jordan SC. Anticoagulant drugs in the treatment of pulmonary embolism. A controlled trial. Lancet 1960;1:1309-12.

  14. Kongkaew C, Hann M, Mandal J, et al. Risk factors for hospital admissions associated with adverse drug events. Pharmacotherapy 2013;33:827-37.

  15. Garcia D, Libby E, Crowther MA. The new oral anticoagulants. Blood 2010;115:15-20.